[CP] Acquittement de Georges Tron et Brigitte Gruel : saluons le courage des victimes

Jeudi 15 novembre 2018, la cour d’assises de Bobigny a acquitté Georges Tron et Brigitte Gruel des viols et agressions sexuelles en réunion pour lesquels ils étaient jugés, après quatre semaines de procès et sept années de procédure extrêmement difficiles pour les victimes.

Osez le Féminisme ! tient à exprimer un grand MERCI à Virginie Ettel et Eva Loubrieu pour l’immense courage qu’elles ont déployé en faisant sauter le verrou du secret et en menant ce combat pour la justice et contre le viol. Grâce à elles, de très nombreuses personnes – beaucoup plus qu’au début de ce parcours de combattantes – ont pu percer à jour les rouages de la stratégie des agresseurs et les piliers de leur système d’impunité. Le travail de l’AVFT, association à l’expertise reconnue et constituée partie civile, est également à saluer.

Durant ce procès, et à l’image de l’avocat général, une partie de la société a enfin écouté les paroles des victimes, compris leurs réactions et leurs émotions, partagé leur colère. Ainsi, la stratégie partagée par les violeurs et l’ensemble des agresseurs sexistes a pu être débusquée et décryptée. Ce sont d’ailleurs à l’aune de ces analyses qu’il faudra suivre le procès de Tariq Ramadan.

Les agresseurs :

  1. ciblent des filles et des femmes dans un contexte vulnérabilisant ;
  2. mettent ces filles et ces femmes en confiance puis sous emprise
  3. isolent les personnes qu’ils ciblent, y compris souvent en semant la division ;
  4. font douter ces personnes d’elles-mêmes (notamment en s’appuyant sur comment notre société insécurise les femmes) ;
  5. inversent la honte et la culpabilité (par exemple en prétendant avoir cru que les victimes voulaient l’acte sexuel qu’ils ont imposé)
  6. installent la peur ;
  7. verrouillent le secret, recrutent des complices et construisent leur impunité.

Osez le Féminisme ! se mobilise pour faire changer la honte de camp et construire une société libérée de la propagande des violeurs. La décision de la Cour d’assises montre bien la méconnaissance de ces mécanismes, des contraintes et des stratégies d’emprise mises en place. Notre colère et notre déception sont à la hauteur du défi auquel nous faisons face. Mais nous continuerons aussi de préserver et partager les forces que les révoltes et les éclairages des héroïnes ont permis de libérer.

Nous appelons le ministère public à faire appel de ce verdict et nous invitons chacune et chacun à se désolidariser de tous les propos et comportements qui profitent aux agresseurs.

Assurons un soutien sans faille aux victimes, et mobilisons-nous pour réclamer les évolutions culturelles, politiques, et législatives nécessaires à la protection de toutes les femmes.