Nous sommes féministes. Notre féminisme repose sur la promotion de l’égalité femmes-hommes et sur la lutte pour supprimer toutes les formes de violences masculines contre les filles et les femmes. L’émancipation individuelle est freinée par des stéréotypes de sexe véhiculés par la culture, les représentations individuelles et sociétales, et les normes sociales discriminantes inculquées dès le plus jeune âge. L’égalité femmes-hommes, même si elle est en partie inscrite dans la loi, n’est toujours pas une réalité. La société reste patriarcale dans sa structure et dans ses fondements. La domination masculine, en tant que système de privilèges accordés aux hommes, continue d’agir à tous les niveaux. D’autres systèmes de domination existent et s’imbriquent avec pour effet d’imposer à certaines femmes une accumulation des discriminations. De fait, notre féminisme se positionne dans un refus de l’ensemble de ces systèmes néfastes et s’engage à les combattre.
Nous sommes progressistes. Nous portons un projet féministe, donc un projet politique. Il y a urgence à transformer la société par des lois et des politiques publiques à la hauteur. Nous pensons que les organisations politiques, syndicales et de la société civile ont une responsabilité à faire de l’égalité des droits une priorité dans l’ensemble les domaines. L’égalité femmes-hommes ne doit pas être considérée comme une politique sectorielle mais bien comme une question transversale qui ne peut être évacuée d’aucun domaine de la vie publique. La sensibilisation de la population pour le changement des mentalités est au cœur de notre action militante. Nous voulons convaincre que les inégalités ne sont pas une fatalité, que nous pouvons transformer le quotidien de chacun-e.
Nous sommes universalistes. Les droits des femmes ne sont pas à géométrie variable : ils sont les mêmes qu’importe l’origine, la culture, la religion, la catégorie sociale. Notre universalisme, tout en s’opposant aux théories impérialistes, prône qu’il existe des droits inaliénables qui ne peuvent être remis en cause pour des raisons religieuses ou soi-disant culturelles. Nous refusons également toute théorie essentialiste basée sur une supposée différenciation naturelle qui impliquerait l’assignation de rôles sociaux et de droits différents pour les femmes et les hommes.
Nous sommes intersectionnelles. Penser l’imbrication de l’ensemble des systèmes de domination est un préalable essentiel à notre lutte féministe, nous prônons donc l’intersectionnalité comme méthode pour analyser, comprendre et reconnaître les cumuls d’oppression. Notre intersectionnalité, tout en s’opposant au relativisme culturel, cherche à développer une sororité effective entre l’ensemble des filles et des femmes afin de n’en laisser aucune de côté.
Nous sommes abolitionnistes. Nous considérons la prostitution et la pornographie comme des violences. Elles sont contraires à la dignité humaine et au droit à disposer librement de son corps. Nous nous opposons fermement à la marchandisation du corps des filles et des femmes. Ce sont les plus précarisées dans nos sociétés qui sont les victimes du système prostitueur, celles qui se trouvent à la croisée de multiples systèmes d’oppression : patriarcal, capitaliste et raciste. Nous militons pour l’abolition de la prostitution et de la pornographie, freins à la liberté sexuelle de chacune et de chacun. Nous aspirons à ce que soient garantis les mêmes droits pour tou-te-s et militons pour l’application pleine et entière de la loi votée en 2016 en France : par un accompagnement des filles et des femmes victimes vers une sortie du système prostitueur, la pénalisation des acheteurs d’actes sexuels et la lutte contre le proxénétisme.
Nous nous battons contre la lesbophobie et la biphobie. La société patriarcale porte l’idée d’une complémentarité entre les sexes et fait de l’hétérosexualité la norme. L’omniprésence de cette logique d’hétéronormativité dans la société conduit à la stigmatisation et l’invisibilisation des femmes lesbiennes et bisexuelles, les exposant à des violences spécifiques. Ces femmes, en raison de leur orientation sexuelle réelle ou supposée, subissent une double discrimination, qui conjugue sexisme et homophobie : la lesbophobie.
Nous sommes antiracistes. Le racisme, le sexisme et le classisme s’allient souvent, faisant subir à certaines femmes des discriminations multiples qui entraînent une précarisation et des violences supplémentaires. De la même manière que nous combattons le sexisme et voulons construire une société libérée du patriarcat, nous ne tolérons pas le fait que des personnes soient discriminées ou stigmatisées en fonction de leur origine réelle ou supposée, de leur couleur de peau, de leur nom, de leur accent ou de leur croyance religieuse. Il est essentiel pour nous de visibiliser et défendre l’ensemble des femmes.
Nous sommes laïques. Dès que le pouvoir politique est inuencé ou se confond avec le pouvoir religieux, les droits des femmes sont attaqués et reculent. Nous refusons que les religions, affaires de foi et de croyance, aient une place dans l’État et dans le champ politique. Nous pensons la laïcité comme une condition préalable, un moyen à l’émancipation des femmes et à la mise en place de l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.
Nous sommes indépendantes des partis politiques. Nous considérons que l’indépendance politique est indispensable pour être entendues. Nos analyses, nos revendications et nos actions ne sont guidées que par notre objectif de recul des inégalités femmes-hommes et d’abolition du patriarcat. Nous dénonçons tous les projets politiques contraires ou insuffisants en la matière, quel que soit le parti qui les défend. Notre réactivité est la même, quelle que soit l’orientation du pouvoir en place.
Charte des valeurs adoptée par l’Assemblée générale extraordinaire du 15 juin 2019