Verdict inadmissible contre Alexandra Richard : la justice patriarcale ne veut rien comprendre aux violences conjugales !
Au lendemain du 25 novembre 2020, la condamnation d’Alexandra Richard à 10 ans de prison ferme, pour avoir tué par accident son conjoint violent qui la menaçait avec une arme, nous révolte. La violence institutionnelle s’ajoute à la violence conjugale subie par Alexandra. Rappelons que chaque année, 225 000 femmes sont victimes de violences commises par leur conjoint ou ex. En 2019, 152 féminicides ont été recensés, une hausse de 27% depuis 2018.
Nous déplorons les multiples « dysfonctionnements » des services publics, incapables de protéger les femmes et les enfants menacé·e·s par des hommes violents.
Avant les faits, Alexandra Richard avait porté plainte contre Sébastien Gest, son conjoint, mais les armes présentes au domicile, “7 ou 8 fusils de chasse”, n’ont pas été saisies comme la loi le préconise.
Une médiation conjugale avait alors été mise en place, allant à l’encontre de la Convention d’Istanbul qui interdit l’obligation de résolution des conflits dans le cadre des violences conjugales. Cette convention a pourtant été signée par la France.
Les jurés, en condamnant Alexandra Richard pour meurtre, sont allés plus loin que la proposition de requalification de la procureure générale en « violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». La peine prescrite révèle un manque manifeste de compréhension des mécanismes d’emprise psychologique (“vous pouviez vous enfuir, madame”) et une méconnaissance des symptômes psycho-traumatiques, notamment de l’amnésie traumatique qui empêche de restituer les faits de façon chronologique et complète après un traumatisme. Ces symptômes ont été considérés par les jurés comme des indices de la culpabilité d’Alexandra.
Quelle alternative à la mort et à la prison les institutions offrent-elles aux victimes de violences ? Maître Nathalie Tomasini, avocate d’Alexandra Richard, rappelle que si Alexandra ne s’était pas défendue, “cela aurait pu être elle, sur la table d’autopsie.”
Les inégalités femmes-hommes dans le traitement judiciaire de telles violences sexistes sont criantes. Les semaines précédant le procès d’Alexandra, un père ayant agressé sexuellement sa fille de 15 ans et un oncle ayant mis de force son sexe dans la bouche de sa nièce de sept ans, ont tous deux été condamnés à une peine de 10 mois avec sursis par le tribunal correctionnel de Rouen. Comment ne pas voir là une justice à deux vitesses, ajoutant à l’impunité sociale des agresseurs masculins une impunité juridique.
Nous n’acceptons ni les violences sexistes, ni l’impunité des hommes qui s’en rendent coupables. Nous ne tolérerons pas une nouvelle affaire Jacqueline Sauvage ! Alexandra Richard a choisi de faire appel. La justice doit prendre en compte la réalité des violences conjugales dans cette affaire et acquitter Alexandra.