Conseil des droits de l’homme de l’ONU : Osez le Féminisme salue la publication du rapport “Prostitution et violence contre les femmes” de la rapporteuse spéciale sur la violence contre les filles et les femmes, Reem Alsalem.

Conseil des droits de l'homme de l'ONU : Osez le Féminisme salue la publication du rapport "Prostitution et violence contre les femmes" de la rapporteure spéciale sur la violence contre les filles et les femmes, Reem Alsalem

 

 

Ce rapport analyse le système prostitutionnel comme une “forme globale de violence masculine”, un système “fortement influencé par les normes patriarcales, par les abus de pouvoir, et la demande sexuelle masculine”, un système à l’intersection des oppressions. Il pointe l’échec du modèle réglementariste et promeut le modèle abolitionniste français. 

 

 

Composé de 47 Etats Membres renouvelés tous les 3 ans, le Conseil des droits de l’homme est un organe de l’ONU chargé de traiter des violations des droits humains et de formuler des recommandations. Pour la préparation de ce rapport du Conseil des droits de l’homme, parmi 300 contributions reçues, celle d’Osez le Féminisme ! qui traite spécifiquement de la pornographie a retenu l’attention de la rapporteure spéciale Reem Alsalem, et est cité.

 

Selon le rapport, la prostitution est une “violence en soi”, qui réduit “les femmes et les filles à l’état de marchandises. C’est un système “d’inégalités et de discrimination fondé sur le sexe et sur d’autres motifs croisés”. Ainsi “le handicap, l’âge, la classe sociale, l’appartenance raciale et ethnique, le statut migratoire et juridique, l’orientation sexuelle et l’identité de genre” sont des facteurs qui augmentent le risque prostitutionnel. Beaucoup sont en situation irrégulière, sans moyen de subsistance, sans logement ou en précarité, beaucoup vivent dans le dénuement, se droguent. Beaucoup sont trompées par les proxénètes. Dans les pays riches, “le système prostitutionnel est alimenté par des femmes migrantes venant de pays appauvris ou ravagés par la guerre”. “Une grande majorité d’entre elles ont été, plus jeunes, victimes de violences sexuelles ou physiques, d’abandon ou de maltraitance, y compris d’inceste”. 

La prostitution est une atteinte à la dignité, et “constitue souvent une torture et un traitement inhumain et dégradant”. Les femmes et les filles y sont “déshumanisées et considérées comme des individus dépourvus de droit”, subissent des coups et des viols, notamment des prostitueurs, conclut le rapport. 

 

La pornographie est, elle, analysée comme une forme de prostitution filmée. 88% des vidéos pornographiques populaires présentent des actes d’agression physique. Les plateformes comme Pornhub normalisent et encouragent la domination masculine et confortent les rôles sexuels patriarcaux. 

 

Le rapport fait d’ailleurs le choix d’utiliser le terme “prostitution” plutôt que “travail du sexe”, ce terme invisibilisant les préjudices et violences subis par les victimes de prostitution. Il n’y a rien de méprisant ni de stigmatisant à utiliser ce terme, c’est aux prostitueurs et aux proxénètes qu’il faut faire porter la stigmatisation et la responsabilité pénale. La reconnaissance du statut de victime n’empêche pas “une incapacité à agir ou une perte d’autonomie”, avance le rapport. 

 

Les conséquences pour les victimes de prostitution sont souvent gravissimes : “perte de mémoire, dépression, insomnie, troubles alimentaires, toxicomanie, identification à l’agresseur, dissociation et état suicidaire” . D’après une étude menée dans 9 pays, 68% des personnes présentent des syndromes post-traumatiques. La prostitution a également de graves conséquences sur la santé dont la santé sexuelle et reproductive. 

 

Enfin, le modèle réglementariste, en Allemagne, en Suisse, en Autriche est un échec, se traduisant par une explosion du nombre de femmes étrangères en situation de prostitution, dans des situations de précarité, voire de servitude pour dette envers les proxénètes. Le modèle de dépénalisation, comme en Belgique, a favorisé les trafiquants et a entraîné une hausse de la violence. Le modèle abolitionniste, comme en France et en Suède, est, lui, conforme au droit international sur la traite humaine, poursuivant les proxénètes et dépénalisant les femmes en situation de prostitution. 

 

 

Osez le Féminisme ! se réjouit de la publication de ce rapport historique de la rapporteure spéciale des Nations Unies sur les violences faites aux femmes.

 

Nous sommes fières d’y voir nos analyses sur la pornocriminalité consacrées. Osez le Féminisme ! sera présente à Genève le 21 juin pour la présentation du rapport à la 56ème session du Conseil des droits de l’Homme. Nous appelons l’ensemble des Etats présents, en particulier la France, à soutenir ce texte vital et à en faire une résolution. Il est urgent de porter la lutte abolitionniste pour la protection de toutes les filles et de toutes les femmes !