Communiqué de pressePornocriminalité

Contrôle d’âge pour accéder aux sites pornographiques : le 13 avril, la justice doit ordonner le blocage des sites illégaux

Presque 3 ans ! 3 ans que les cinq plus gros mastodontes de l’industrie pornographique, qui concentrent l’essentiel des vidéos pornographiques et qui brassent des milliards d’euros, bloquent la mise en application de la loi qui vise à protéger les enfants de la pornographie, loi qui a été votée le 23 juillet 2020. Les empires dépensent sans compter pour multiplier les recours (jusqu’à 5 procédures en 3 ans). Cette stratégie d’entrave est absolument scandaleuse tandis que les ravages de l’exposition à la pornographie auprès des jeunes n’est plus à démontrer. 

La loi doit enfin s’appliquer et le juge doit décider, dès ce 13 avril, de bloquer les sites refusant de s’y soumettre. Osez le Féminisme ! sera présente à l’audience, pour qu’enfin cesse l’impunité des pornocrates qui prospère au détriment de la santé psychique et sexuelle des mineur.es exposé.es à des contenus d’une violence inouïe !

3 ans de marathon : Après le vote de la loi en juillet 2020, il a fallu attendre octobre 2021 pour obtenir le décret d’application. L’Arcom a ensuite “négocié”, en vain, avec les plateformes pornographiques, avant de mettre en demeure de s’exécuter cinq grandes plateformes, Pornhub, Tukif, Xhamster, XVideos, Xnxx, en décembre 2021, auxquelles s’est joint “Jacquie et Michel” en juin 2022. Sans succès bien entendu. Osez le Féminisme ! avait par ailleurs saisi l’Arcom concernant 118 sites supplémentaires, mais aucune action n’a été enclenchée les concernant.

Les empires MindGeek et WGZC, propriétaires des principales plateformes, sont basés dans des paradis fiscaux et ont des financements occultes. Pornhub est poursuivi aux USA pour trafic sexuel pour avoir sciemment diffusé des viols pédocriminels. XVideos est lui aussi accusé de diffuser des vidéos de viols. Ces empires, doublement dans l’illégalité parce qu’ils diffusent des vidéos de violences sexuelles sans contrôle, et parce qu’ils diffusent des contenus illicites, massivement misogynes, racistes et pédopornographiques, n’ont aucune intention d’appliquer la loi de protection des mineurs. Ils dépensent sans compter en embauchant les meilleurs cabinets d’avocats, comme Quinn Emanuel Urquhart & Sullivan, et ont déjà pratiqué la même stratégie d’entrave en Allemagne et en Angleterre.

S’en est suivie logiquement la saisie de la justice par l’Arcom, et un parcours kafkaïen. En 2022 et 2023, auront lieu de multiples recours et entraves de l’industrie : un renvoi d’audience pour vice de procédure en mai 2022, une médiation proposée par le juge, et en parallèle, deux recours au Conseil d’État, puis deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC)… Tous les arguments de l’industrie n’ont pas convaincu  les juges jusqu’à ce jour, mais ont fait gagner à l’industrie pornocriminelle du temps, donc de l’argent, au détriment de la protection des mineur.es.

En parallèle, la CNIL a statué positivement sur les systèmes de vérification de l’âge au titre du RGPD. Aucun obstacle réglementaire n’interdit désormais la pleine application de la loi, absolument nécessaire pour protéger les mineur.es de l’extrême violence des images et réalités pornographiques et leur impact psychotraumatique sur les personnes mineures.

La star Billie Eilish a déclaré avoir visionné du porno dès l’âge de 11 ans, et que cela avait “détruit son cerveau”. Au moment d’entrer dans la sexualité, “dévastée” par la pornographie, elle n’a pas pu refuser des pratiques violentes, non désirées, et reste hantée par des cauchemars, conséquences psychotraumatiques de son exposition précoce à des violences sexuelles pornographiques.

Selon une étude américaine, 88% des vidéos contiennent des scènes de violences sexuelles (1) (“gorge profonde” agressive, étranglement, sodomie violente, éjaculation faciale, coups, tirage de cheveux, crachats, urine, bukkake…). Faute d’éducation anti-sexiste pour des vies sexuelles et affectives empathiques et respectueuses, ces vidéos pornographiques conditionnent les adolescents et adolescentes à l’érotisation et à la banalisation des violences misogynes et de la pédocriminalité, à la haine contre les filles et les femmes, à la haine raciale et au mépris des lesbiennes et des gays. Les jeunes, dont le cerveau est en construction, peuvent développer une addiction, recherchant des contenus de plus en plus violents, et devenir incapables d’avoir des relations affectives ou sexuelles fondées sur la bienveillance et le désir partagé : hausse des sentiments dépressifs,détérioration de la santé mentale, des problèmes de vasoconstriction du clitoris et d’érection du pénis, et incapacité pour les filles à déceler et refuser des pratiques sexuelles violentes. Les garçons qui recherchent et consomment activement de la pornographie ont 6 fois plus de risques d’avoir un comportement sexuellement agressif (2).

Osez le Féminisme était présente à chaque procédure judiciaire pour s’opposer aux pornocrates. Elle sera là le 13 avril pour demander que cesse cette entrave à la loi. D’un côté, les milliards de l’industrie pornocriminelle, de l’autre, le respect de la loi et l’intérêt supérieur des enfants à ne pas être exposé.es à des contenus pornographiques envahissants et traumatisants qui les conditionnent aux violences sexuelles et à la déshumanisation des filles et des femmes.

La justice n’a pas d’autre choix que d’ordonner le blocage des sites qui refusent de se conformer à la loi depuis trop longtemps. 

(1) Aggression and Sexual Behavior in Best-Selling Pornography : A Content Analysis Update », étude de Robert J. Wosnitzer et Ana J. Bridges présentée au 57e congrès annuel de la International Communication Association à San Francisco du 24 au 28 mai 2007
(2) Dillard, Rebecca, et al. « Abuse disclosures of youth with problem sexualized behaviors and trauma   symptomology. » Child abuse & neglect 88 (2019): 201-211.