[CP] Une « Journée de l’homme » contre l’égalité !
Le département du Bas-Rhin a décidé de lancer une « Journée de l’homme » le 19 novembre prochain sous l’impulsion d’Alfonsa Alfano, conseillère départementale déléguée en charge des inégalités femmes-hommes [1]. Osez le Féminisme ! s’oppose à cette validation par les pouvoirs publics des théories masculinistes rétrogrades, obstacles à l’égalité entre les femmes et les hommes.
Les inégalités que subissent quotidiennement les femmes et les filles sont structurelles, elles sont les conséquences d’un système millénaire de hiérarchisation entre les hommes et les femmes. C’est bien en élevant le niveau de droits et de libertés des femmes à hauteur de ceux des hommes que nous parviendrons à l’égalité.
Voici un rappel chiffré des inégalités femmes-hommes en France :
- Les femmes sont toujours exclues des têtes d’exécutifs locaux : seulement 16% de femmes maires et 7,5% à la tête de structures intercommunales. [2]
- Les hommes touchent en moyenne un salaire supérieur de 34,6% à celui des femmes tout emploi et temps de travail confondu. [3]
- Dans l’espace public, seules 2% des rues portent un nom de femme, tandis que 25% des femmes de 18 à 29 ressentent de la peur lorsqu’elles sont dans la rue et que 40% ont renoncé à fréquenter certains lieux publics après avoir été victimes de sexisme. [4]
- 86% des françaises déclarent avoir subi au cours de leur vie au moins une forme d’agression sexuelle dans la rue. [5]
- En 2016, au cours des 12 mois précédents, 553 000 femmes ont été victimes d’agressions sexuelles. [6]
- En 2017, 94 000 femmes majeures déclaraient avoir été victimes de viols et/ou de tentatives de viol durant l’année écoulée. [7]
- Environ 1 victime sur 10 porte plainte, et seule 1 plainte sur 10 aboutira à une condamnation. Ainsi, seul 1% des violeurs sont condamnés. [8]
- 99% des personnes condamnées pour violences sexuelles sont des hommes. [9]
- 85% des personnes prostituées sont des femmes, 93% sont étrangères. [10]
Or, Madame la conseillère départementale affirme que « les inégalités sont présentes des deux côtés […] les hommes sont aussi battus, les pères sont négligés, notamment lors des affaires de divorces, beaucoup sont privés de leurs enfants ou de leurs droits ».
Doit-on rappeler que si les femmes ont majoritairement la garde des enfants, c’est parce que nombre de pères ne la réclament pas ? En effet, dans 80% des cas, la résidence des enfants fait l’objet d’un consensus entre les parents, qui souhaitent une résidence chez la mère pour 71% des enfants, la résidence alternée est sollicitée pour 19% d’entre eux, la résidence chez le père pour 10% [11]. De plus, en 2015, 34,9 % des familles monoparentales disposaient de revenus inférieurs au seuil de pauvreté et près de 40% des pensions alimentaires restent impayées [12].
Doit-on également rappeler que depuis le 1er Janvier 2019, 73 femmes ont été tuées par leur (ex)compagnon, soit une femme tous les 2 jours et demi [13] ? En 2017, 130 femmes ont été victimes de féminicides. La même année, 21 hommes ont été tués par leur partenaire ou ex-partenaire intime, 69% des hommes tués par leur conjointe étaient auteurs de violences conjugales [14].
Cette réalité est connue de longue date, mais nous devons encore et toujours la répéter auprès de celles et ceux qui ont pourtant la charge de la faire évoluer. Symétriser les violences massives, structurelles et chiffrées que subissent les femmes et les filles, avec des vécus personnels, non représentatifs d’un système d’oppression, ne sert qu’à freiner le combat pour l’égalité ainsi qu’à tourner en ridicule les revendications pour les droits des femmes et des filles.
En attendant, les violences masculines sociétales, économiques, physiques et sexuelles contre elles continuent.
Une « Journée de l’homme », idée fréquemment réclamée par les masculinistes qui ne sont intéressés que par le maintien de leurs privilèges, n’a rien d’égalitaire. Au contraire, une telle provocation ne viserait qu’à refuser, une fois encore, de visibiliser celles qui sont les victimes des violences systémiques des hommes : les filles et les femmes.
Osez le Féminisme ! demande le retrait de ce projet qui témoigne, au mieux, d’une méconnaissance des enjeux de l’égalité femmes-hommes et appelle le Département du Bas-Rhin à mener une politique d’égalité volontariste, notamment en soutenant les associations de terrain.
N’oublions pas que fin 2016, suite au désengagement financier du Département du Bas-Rhin un centre d’hébergement d’urgence pour femmes victimes de violences avait été contraint de fermer ses portes. [15]
- https://www.20minutes.fr/strasbourg/2547847-20190624-bas-rhin-conseillere-egalite-femmes-hommes-veut-creer-journee-droits-hommes
- https://www.ouest-france.fr/politique/congres-des-maires-le-nombre-de-femmes-maire-est-une-anomalie-dans-le-paysage-politique-6082677
- https://www.inegalites.fr/Les-inegalites-de-salaires-entre-les-femmes-et-les-hommes-etat-des-lieux
- https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/dossiers/sexisme-pas-notre-genre/les-chiffres-cles/
- https://jean-jaures.org/nos-productions/les-femmes-face-aux-violences-sexuelles-et-le-harcelement-dans-la-rue
- http://haut-conseil-egalite.gouv.fr/violences-de-genre/reperes-statistiques
- https://stop-violences-femmes.gouv.fr/les-chiffres-de-reference-sur-les.html
- http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/violences-de-genre/travaux-du-hce/article/avis-pour-une-juste-condamnation
- http://haut-conseil-egalite.gouv.fr/violences-de-genre/reperes-statistiques
- http://haut-conseil-egalite.gouv.fr/violences-de-genre/reperes-statistiques
- http://www.justice.gouv.fr/art_pix/1_rapportresidence_11_2013.pdf
- https://www.capital.fr/economie-politique/pres-dune-pension-alimentaire-sur-deux-est-non-payee-1328961
- https://www.facebook.com/feminicide/
- https://stop-violences-femmes.gouv.fr/les-chiffres-de-reference-sur-les.html
- https://www.rue89strasbourg.com/strasbourg-perd-un-centre-dhebergement-pour-les-femmes-victimes-de-violences-113420?fbclid=IwAR1H1ovvpB_b173s1JNZocYOSSGYCiPjEbiMcFRpc_1dFAXtUg5gly2zEVM