Communiqué de presse

L’impunité des puissants ou le verdict de la honte : justice patriarcale !

Solène Duval, victime de violences conjugales, a été condamnée hier à 1500 € d’amende pour avoir mordu son agresseur, Tristan Duval, maire de Cabourg, en tentant de se défendre tandis qu’il la frappait. Justice Patriarcale ! Inversion insupportable ! 

En août 2018, Tristan Duval, maire de Cabourg frappe son épouse en pleine rue, en pleine journée. Les coups assénés valent à Solène Duval, côte brisée, visage tuméfié et 14 jours d’ITT. La justice a une oreille attentive mais avance timidement. Il est condamné à 3 mois de prison avec sursis et 2500 € d’amende.Et pourtant, il continue à assurer ses fonctions de maire, et le tribunal refuse de prononcer l’inéligibilité de l’élu, pourtant prévue par la loi. Un maire se doit pourtant d’être irréprochable et exemplaire, car “sous l’autorité du procureur de la République, le maire exerce des fonctions dans le domaine judiciaire : il est officier d’état civil et officier de police judiciaire.”* 

Encore une fois, la mobilisation féministe et citoyenne s’organise, une pétition (**) recueille 80 000 signatures pour demander sa démission en tant que maire. 

Aujourd’hui, un an après le jugement, qu’en est il ?

Le Maire de Cabourg, Tristan Duval, a fait appel, et pire, a attaqué en justice son ex-femme car elle a eu l’audace de mordre son agresseur en tentant de se défendre ! Mais, hier, contre toute attente, et malgré la relaxe demandée par le parquet, le tribunal a finalement condamné la victime à 1500€ d’amende pour violences conjugales contre son agresseur. 

Nous sommes en colère et écoeurées de ce système judiciaire qui exige des femmes victimes de violences masculines qu’elles parlent, malgré la peur et l’emprise de leurs agresseurs, malgré les mécanismes de culpabilisation et de détresse implantées chez elles par eux, et qui quand elles ont le courage immense de le faire, sont sanctionnées. Nous sommes révoltées par ce système qui condamne les victimes lorsqu’elles se défendent, qui les condamne lorsqu’elles sont sidérées par la violence psychologique, qui les condamne quand elles se taisent, et qui échoue à condamner les agresseurs, entre refus de plainte, classement sans suite et délais de prescriptions. Ces représailles judiciaires visent à silencier encore plus les femmes. Cette « justice » est celle des agresseurs. Justice patriarcale !

Nous sommes en colère et écoeurées de cette inversion de la culpabilité imaginée par les ’agresseurs comme une stratégie de défense.

Nous sommes en colère et écoeurées, la justice doit protéger et reconnaître les victimes et non garantir aux agresseurs leur impunité.. Se défendre lorsque nous sommes battues, ne devrait être statué comme « violences conjugales » : il s’agit de légitime défense ! Osez le féminisme ! s’engagera toujours aux côtés des victimes.

Agresseurs, on vous voit et on vous connaît. Et ce n’est pas aux victimes de baisser la tête mais à vous aux agresseurs d’avoir honte. La honte doit changer de camp. Relevons la tête. 

A la veille de la journée internationale de lutte contre les violences masculines, lors de laquelle le gouvernement doit annoncer les mesures issues du “Grenelle”, nous exigeons des policiers et magistrats formés, nous exigeons des moyens concrets et réels pour protéger et accompagner toutes les victimes, et lutter contre l’impunité des agresseurs. 

Marchons demain samedi 23 novembre, à Paris et dans toute la France pour lutter contre ces injustices patriarcales et contre toutes formes de violences contre les filles et les femmes ! 

(*)vie-publique.fr

(**)https://www.change.org/p/destitution-du-maire-de-cabourg-reconnu-coupable-de-violences-conjugales