Communiqué de presse

Propagande pro-stérilisations à Mayotte, en pleine pénurie de pilules abortives : une politique française coloniale et misogyne !

Propagande pro-stérilisations à Mayotte, en pleine pénurie de pilules abortives : une politique française coloniale et misogyne !

Régime d’exception néocolonial : promotion des stérilisations à Mayotte, dissuasion des femmes en métropole
Dans la plupart des départements français, essayer d’obtenir une ligature des trompes est un parcours de la combattante. Mais pas à Mayotte, où l’Etat français martèle une très ancienne inversion perverse coloniale consistant à dire aux personnes racisées qu’elles seraient trop nombreuses et qu’elles en seraient coupables. Le directeur de l’ARS de Mayotte, Olivier Brahic (formé à l’École de guerre), a ainsi déclaré vouloir “proposer” une stérilisation par ligature des trompes aux femmes, à l’hôpital, dans les PMI et chez les sages-femmes. Dans les faits, être une femme mahoraise face au pouvoir médical – très majoritairement accaparé par des blancs venus de métropole – dans un espace durablement broyé par les politiques coloniales françaises, c’est déjà subir des contraintes écrasantes.
Les conditions d’un réel choix font d’autant plus défaut que l’État français commet actuellement des politiques coloniales de division, de mise sous terreur et de persécutions racistes, à Mayotte, notamment à travers ladite “opération Wuambushu” qui consiste à rafler et déporter un maximum d’enfants et d’adultes comorien.ne.s vers les autres îles des Comores. S’y ajoute une politique d’exclusion des soins à l’encontre des Comorien.ne.s, privé.e.s d’AME et auxquelles les centres de PMI ont été sommés de refuser toute prise en charge. Un véritable régime d’exception coloniale !

Contexte de la pénurie de pilules abortives, choix du gouvernement français 
En 2021, 76% des avortements accomplis en France l’ont été grâce à des pilules abortives. Or nous souffrons d’une très grave pénurie nationale de pilules abortives, signalée par le Planning Familial et par l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament. Le gouvernement a choisi d’infliger cette entrave massive au droit à l’avortement aux filles et aux femmes, non seulement en ne s’attaquant pas aux rouages capitalistes et obscurantistes de ces pénuries, mais aussi en les aggravant. Le Haut Conseil à l’Egalité avait pourtant publié une alerte et des préconisations très précises, en mai 2020, montrant que si l’Etat ne faisait pas son travail, les pénuries de pilules abortives et d’autres médicaments nécessaires aux droits sexuels et reproductifs des femmes seraient inéluctables et répétées.
Promouvoir la stérilisation auprès des femmes de Mayotte alors que l’accès à l’avortement médicamenteux n’est pas garanti, c’est donc les y contraindre ! 

Face à la répétition de l’histoire (néo)coloniale française, résistance et sororité !
Dès 1977, la Coordination des Femmes Noires avait dénoncé une politique coloniale et misogyne d’une extrême violence, que Françoise Vergès a analysée dans son livre “Le Ventre des femmes. Capitalisme, racialisation, féminisme” (2017) : dans les années 1960 et 1970, tandis que les femmes blanches de métropole étaient incitées à procréer et interdites d’avorter, à la Réunion, de nombreuses filles et femmes noires étaient victimes de stérilisations, d’avortements et de contraceptions forcées. Impossible de ne pas être frappées par les points de similitude avec le régime d’exception raciste dans l’actuelle campagne pro-stérilisations de l’ARS à Mayotte !

Nous exprimons notre gratitude et notre solidarité aux Comorien.ne.s et aux Mahorais.e.s mobilisé.e.s pour la défense des droits humains, au Collectif “Stop Uwuambushu à Mayotte” et à toutes les personnes et organisations déterminées à résister face aux politiques de violences racistes, misogynes et classistes du gouvernement français et de ses relais.

Photo : Manifestation du collectif HIMA, collectif de jeunes femmes comoriennes de différents horizons qui  ont décidé de se lever pour les droits des  femmes comoriennes.