10 ans de prison pour Jacqueline Sauvage : un échec pour le système judiciaire
La cour d’assises de Blois a confirmé jeudi soir en appel la condamnation de Jacqueline Sauvage à dix ans de réclusion criminelle pour avoir tué son mari. Osez le féminisme ! s’indigne de ce véritable déni de justice pour cette mère et ses filles, acculées à “choisir” entre neutraliser un mari et père bourreau ou se résigner à être détruites.
Les nombreux témoignages sur la violence quotidienne, les insultes, les menaces et l’inceste dont il s’est rendu coupable contre sa femme et ses filles n’auront pas suffi. Selon l’avocat général, « la légitime défense n’est absolument pas soutenable. Aux violences de son mari, elle aurait dû répondre par un acte proportionné, immédiat et nécessaire. Face à un coup de poing qui se solde par trois jours d’ITT, elle tire trois balles ». Jacqueline Sauvage n’a pas répondu à un coup de poing, elle a répondu à 47 ans d’enfer.
Une fois encore, les femmes sont jugées responsables des violences qu’elles subissent. C’est leur faute si elles sont violées, leur faute si elles sont battues et ne portent pas plainte… Les propos de la Présidente à la fille de Jacqueline Sauvage, victime d’attouchements répétés, sont révélateurs du procès qui a été fait à Mme Sauvage et ses trois filles, celui de ne pas avoir parlé plus tôt : “C’est le malheur de votre mère que vous avez fait… sans vouloir vous faire un procès”. Propos destructeurs et scandaleux qui en disent long sur le niveau de connaissance des juges quant aux mécanismes des violences de genre.
Cette affaire atteste encore une fois de l’incapacité des autorités policières à remplir leur rôle de protection auprès de ces femmes, et de l’incapacité des autorités judiciaires à réprimer lourdement les violences faites aux femmes. Triste constat quelques jours après le 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
En France, une femme sur dix est victime des violences de son conjoint ou ex-conjoint. Quel message leur envoie aujourd’hui la justice ? A quand la reconnaissance des phénomènes d’emprise, des syndromes post-traumatiques des femmes battues ? A quand les violences sexistes reconnues comme circonstances aggravantes ? A quand une justice qui punit les bourreaux et protège les victimes ?
Osez le féminisme ! demande que soit étudié l’élargissement de la présomption de légitime défense aux femmes victimes de violences, comme c’est le cas au Canada depuis 1990.
De même, nous interpellons Christiane Taubira sur la nécessaire réalisation d’une étude comparative des peines prononcées :
- pour tous les crimes en général,
- pour tous les crimes d’hommes sur leur conjointe ou ex-conjointe,
- pour tous les crimes de femmes sur leur mari ou ex-conjoint, en précisant à chaque fois s’il y a violences avérées ou non.