Aujourd’hui est sorti un rapport inédit sur le financement par les pouvoirs publics des politiques en faveur des droits des femmes et de l’égalité femmes-hommes. Et le compte n’y est pas. Présenté par le Comité ONU Femmes France, la Fondation des Femmes, le Fonds pour les Femmes en Méditerranée, le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes et W4, ce rapport met en lumière le sous-financement chronique de la lutte pour l’égalité femmes-hommes.
Osez le féminisme ! retient tout particulièrement un chiffre : 0,0066%. C’est ce que l’Etat met aujourd’hui sur la table pour réduire les injustices et les violences dont sont victimes plus de 50% de la population : les femmes.
Si nous avons obtenu, encore récemment, des avancées législatives (loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle, loi d’avril 2016 pour l’abolition du système prostitueur) et si nous constatons aussi des progrès quantifiables (parité dans les conseils départementaux – bien que les présidences restent encore majoritairement masculines – parité parmi les rectrices et recteurs d’académie, annoncée hier par la ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche), force est de constater qu’il y a encore énormément à faire.
Osez le féminisme ! rappelle que :
-
Les inégalités salariales sont encore en France de l’ordre de 19% entre les femmes et les hommes ;
-
20% des femmes âgées de 18 à 29 ans vivent en dessous du seuil de pauvreté contre 13,7% des hommes ;
-
1 femme décède tous les 2,7 jours, tuée par son conjoint ou ex-conjoint ;
Ces chiffres sont maintenant largement connus, nous n’avons de cesse de les marteler. Il est désormais urgent de passer à la vitesse supérieure pour réduire les inégalités : changer les mentalités coûte de l’argent, former les professionnel.le.s coûte de l’argent, accompagner des femmes victimes de violences coûte de l’argent. Or, toutes ces actions essentielles reposent aujourd’hui trop souvent sur le bénévolat et le militantisme d’associations, en grande majorité composées de femmes.
Certes le budget dédié de l’Etat augmentera l’an prochain de 8%. Mais partant d’un montant aussi dérisoire, c’est au moins par 10 qu’il faudrait le multiplier. Les collectivités territoriales, elles aussi, manquent à l’appel. Le rapport mentionne le cas du Planning familial de Haute-Garonne. Mais nous pensons aussi au
CIDFF de l’Isère, actuellement en liquidation judiciaire suite à une perte de subventions, ou à l’antenne de l
’association Femmes Solidaires dans le 93, menacée d’expulsion de son local, jusqu’alors prêté par la mairie. Nous trouvons révoltant de constater que nos député.e.s préfèrent financer sur leur réserve parlementaire des rénovations de rond-points et des stades de football, ne consacrant finalement que 1,7% de leur réserve à des actions pour l’égalité femmes-hommes.
Alors que la course à la présidentielle a commencé par le jeu des primaires, Osez le féminisme ! pose cette question : que comptez-vous faire, mesdames et messieurs les candidat.e.s, pour mettre fin aux discriminations, injustices, violences que subissent la moitié de votre futur électorat ? Si le proverbe dit que l’argent ne fait pas le bonheur, nous affirmons, aux côtés des associations qui ont signé ce rapport, que seul un engagement financier fort et pérenne permettra d’atteindre l’égalité réelle.