Communiqué de presse

Le gouvernement au service de l’entreprise de “feminist washing” de la Société Miss France

Le 15 décembre 2021, Madame la Ministre Elisabeth Moreno a remis la médaille de l’égalité à Madame Diane Leyre, pour son titre de Miss France 2022. Cette remise de décoration s’inscrit dans un contexte où la société de production de Miss France est en pleine opération marketing pour donner l’illusion d’être “féministe” et tenter de faire oublier qu’elle continue de violer le droit français.

L’association Osez le Féminisme ! rappelle qu’elle a intenté une action en justice contre la production du spectacle Miss France afin de faire cesser toute forme de discrimination illégale dans les critères de recrutement des candidates. Depuis, les très nombreux critères discriminants et sexistes n’ont pas été modifiés (être célibataire et sans enfant, ne pas avoir été mariée, ne pas vivre en concubinage, de pas avoir de tatouage, ne pas boire d’alcool ou fumer en public, respecter les “bonnes moeurs” et les “valeurs de l’élégance”, etc.). En outre, l’absence de reconnaissance de la relation de travail sur toute la durée des répétitions mène à de graves abus : temps de travail et pauses non respectés, accidents de travail non reconnus comme tels, contrôle alimentaire, caméras dans les loges où se changent les candidates… En 2018, ces violations du code du travail ont mené à la diffusion en direct d’images de deux candidates torse nu. Cette violation de leur vie privée a considérablement affecté leurs parcours et elles sont également en procédure contre la société productrice de Miss France. 

Face à une situation où  des sociétés privées font du profit grâce à des violations du droit français (5 millions d’euros de recettes publicitaires pour TF1 sur le seul soir du spectacle), notre gouvernement choisit d’ignorer les faits. Distribuer des codes pénal aux candidates (comme l’a fait Marlène Schiappa) ou participer à la campagne marketing de la Société Miss France en décernant la médaille de l’égalité à la gagnante de l’émission (comme l’a fait Elisabeth Moreno) ce n’est pas protéger les droits des femmes mais contribuer à maintenir les intérêts privés de ceux qui les exploitent.

Post #MeToo, la Société Miss France sait qu’elle ne peut plus simplement ignorer les revendications des associations de défense des droits des femmes. Sa stratégie est donc de se revendiquer “féministe” alors même que l’objet du spectacle n’a pas changé depuis 100 ans : scruter, évaluer, comparer, classer des femmes sur leur physique. Depuis l’annonce de notre action, la Société Miss France n’a eu de cesse de dévier le sujet sur les femmes participant à l’émission, insistant sur leur liberté de choix, pour ne surtout pas parler des violations au code du travail dont elle se rend coupable. Les “Miss” ont été mises en première ligne par la production lors de leur campagne de communication comme c’est encore le cas avec la remise de la médaille de l’égalité à Miss France 2022. Nous ne sommes pas dupes, ces opérations marketing ne servent qu’à redorer le blason de la société de production qui essaie de faire passer ce spectacle objectifiant et sexiste, mais très lucratif, pour “féministe”, dans une classique stratégie de rebranding, et ce désormais avec l’aide du gouvernement !

OSEZ LE FÉMINISME ! Association
Alyssa Ahrabare
Ursula Le Menn

Violaine de FILIPPIS ABATE Avocate