Les 6 ans de la loi abolitionniste contre le système prostitueur

Le 13 avril 2016, il y a 6 ans, était votée la loi abolitionniste, complète et ambitieuse, de lutte contre le système prostitueur qui considère la prostitution comme une violence sexuelle et qui, par la suppression du délit de racolage, dépénalise les personnes en situation de prostitution. 

Selon le rapport interministériel de 2020 qui a fait un bilan quatre ans après le vote de la loi, et les analyses des associations engagées sur le terrain depuis six ans, la loi fonctionne quand elle est appliquée. Mais les moyens alloués à l’application de la loi restent très insuffisants.

Des moyens supplémentaires sont nécessaires :

– Pour lutter plus efficacement contre les proxénètes et les filières de traites d’êtres humain.es, que ce soit dans la prostitution comme dans l’industrie pornographique. 

Pour accompagner les femmes en situation de prostitution : qu’elles puissent être bien accueillies dans les commissariats quand elles veulent déposer plainte, qu’elles puissent être bien accompagnées. Nous demandons la revalorisation de l’allocation actuelle (330€) pour leur permettre de vivre dignement, un accès effectif au logement, aux titres de séjour, à une formation professionnalisante, à la protection et aux soins. Nous demandons le déploiement des commissions départementales partout en France, pour augmenter significativement le nombre de parcours de sortie de la prostitution. 

Enfin, il est essentiel de rappeler que sans demande, il n’y a pas de prostitution, pas de traite sexuelle, pas de proxénétisme. La loi doit être enfin être appliquée pleinement contre les “clients” prostitueurs, en particulier ceux qui commettent ces pénétrations contraintes contre des mineur.es. C’est un délit passible jusqu’à 5 ans de prison et 75000E d’amende au delà de 15 ans, un viol en dessous de 15 ans. 

Le Mouvement du Nid fait justement ce mois-ci un décryptage sur ceux dont on ne parle jamais, mais dont la responsabilité est immense : les prostitueurs. Découvrez leur dossier et comment les survivantes de la prostitution en parlent.

« La vérité, que vous cherchez tellement à fuir, c’est que vous n’êtes pas mieux que le “gentil violeur”. Votre attitude et votre comportement n’atténuent pas votre acte. (…) Vous vous servez des sourires des femmes que vous achetez comme une monnaie d’échange… qui vous permet de croire à vos propres conneries… je ne voulais pas de vous près de moi, jamais en moi. Vos bras autour de moi me donnaient envie de vomir encore bien plus que votre pénis… chaque instant avec vous était un mensonge, et j’ai détesté chaque seconde ». Rachel Moran, survivante irlandaise.

Et pour aller plus loin, pour comprendre la loi contre le système prostitueur,
nous vous partageons ici une conférence « Loi et prostitution, une conquête féministe », organisée à Nice le 31 mars par l’Assemblée des Femmes, avec la participation de Laurence Rossignol, vice-présidente du Sénat, Maud Olivier, rapporteure de la loi de 2016, Céline Piques d’Osez le Féminisme !, et Elodie Pélissier du Mouvement du Nid :