Touchers vaginaux non consentis : enfin des mesures !
La Conférence des doyens des facultés de médecine a remis aujourd’hui à Marisol Touraine, Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, un rapport sur les conditions d’apprentissage de l’examen pelvien (vaginal et rectal), pratiqué durant les anesthésies générales sans consentement préalable des patient-e-s. Osez le Féminisme ! se félicite que cette atteinte manifeste aux droits fondamentaux des personnes, notamment des femmes, soit enfin prise au sérieux et salue la mise en place de mesures concrètes pour mettre un terme à ces pratiques.
Des étudiants en médecine encouragés, à des fins de formation, à s’exercer aux touchers vaginaux et rectaux sur des patient-e-s non consentant-e-s et anesthésié-e-s : une pratique illégale, et pourtant signalée de manière récurrente par des soignant-e-s. Les conclusions du rapport des doyens sur la formation clinique des étudiants en médecine sont sans appel ; dans 67 à 80% des cas selon les cursus, l’accord des patient-e-s n’est pas demandé.
Ce que d’aucuns banalisent comme une méthode de formation est en réalité un viol. La loi spécifie bien qu’est reconnu comme tel « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ». La pénétration anale ou vaginale sur une personne inconsciente constitue un crime, quelque soit le motif supposé ou l’objet de cette pénétration.
Osez le Féminisme ! exprime sa satisfaction de voir ce sujet, qu’elle dénonce depuis plusieurs mois, enfin pris à sa juste mesure par la plus haute autorité en charge de l’enseignement médical, ainsi que par la Ministre dont dépendent à la fois santé et droits des femmes.
Les mesures proposées par Marisol Touraine, à savoir la poursuite de l’enquête, l’envoi d’une instruction aux directeurs d’établissements de santé leur rappelant la loi, et le développement de l’apprentissage par simulation (avec l’objectif concret d’équiper tous les CHU en matériel d’ici fin 2017), vont dans le sens d’un meilleur respect des droits des patient-e-s.
Osez le Féminisme ! rappelle la nécessité d’éradiquer les violences machistes dans le milieu médical au sens large, qu’il s’agisse du sexisme pendant les études, de la culture du viol parfois défendue par les « carabins » ou du fameux point du mari, sur lequel des associations féministes avaient alerté en 2014 et qui consiste à recoudre une épisiotomie par quelques points de suture supplémentaires, afin de donner davantage de plaisir sexuel au partenaire masculin.
Les soignants accueillent et doivent aider au quotidien des femmes victimes de violences de toutes sortes, il est urgent qu’ils prennent conscience qu’eux-mêmes en sont parfois les auteurs. Nous serons attentives à la mise en oeuvre des mesures annoncées, pour que plus jamais un médecin ne puisse, dans le cadre de l’exercice de son métier, commettre des violences.