Confinement et épidémie : nous voulons de l’argent magique pour protéger les enfants et les femmes victimes de violences masculines

Alors que le confinement a été annoncé il y a sept jours, Osez le Féminisme ! alerte sur les conditions de vie de tou·tes les enfant·es victimes d’un père pédocriminel et toutes les femmes victimes d’un conjoint violent. Enfermées 24h/24 avec leur agresseur, sans moyen de s’échapper, les victimes de violences masculines sont en danger, encore plus gravement que d’habitude.

Nous encourageons toutes les personnes confinées chez elles à faire preuve de vigilance solidaire en direction de leurs voisines et à ne pas hésiter à contacter le 17 pour signaler des faits de violences psychologiques, sexuelles, physiques, contre des femmes ou des enfant.es.

Pour que cette vigilance solidaire change la donne, il est indispensable que les forces de sécurité interviennent systématiquement et en urgence, en cas de signalement pour des faits de violences. Il faut aussi que l’agresseur soit placé en garde à vue, pour être ensuite présenté au procureur, comme le recommande le Haut Conseil à l’Egalité.

La Garde des Sceaux a annoncé que le contentieux essentiel lié aux violences conjugales (ordonnance de protection, éviction du conjoint violent, audiences correctionnelles) continuerait à fonctionner pendant l’épidémie. L’éviction du conjoint ou père violent, assortie de mesures de protection, doivent être garanties pour protéger les victimes.

En contexte d’épidémie, nous alertons aussi sur les conditions de travail des travailleur·ses sociales·aux et sur les possibilités d’accueil des femmes victimes de violences conjugales et leurs enfant·es :

  • Certains services de soutien fonctionnent au ralenti. C’est le cas des lignes téléphoniques d’écoutes et d’orientation, dont le 3919 et le numéro Viol Femmes Information (0 800 05 95 95), qui sont pour le moment interrompues ou restreintes pour protéger la santé des écoutantes.
  • Les associations qui accompagnent en présentiel les femmes et les enfant·es victimes continuent à fonctionner, au péril de la santé des travailleur·ses sociales·aux et des victimes, faute de moyens matériels suffisants.

La Secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes a annoncé qu’elle avait demandé des remontées sur la situation des centres d’hébergement, leur équipement et la mise en œuvre des mesures barrières. C’est un premier pas, mais ce n’est pas suffisant !

Il est temps que de véritables moyens soient débloqués pour soutenir les associations dans ce temps de crise sanitaire, et leur permettre d’accomplir leurs missions de protection et d’accompagnement, qui relèvent des missions de service public, dans des conditions sanitaires satisfaisantes.

Il y a de l’argent magique ! 300 milliards d’euros ont été débloqués pour soutenir les entreprises du pays. C’est 300 fois plus que ce que nous demandons pour assurer une politique digne de ce nom pour accompagner les femmes victimes de violences de conjoints.


A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Osez le Féminisme ! exige que l’Etat prenne ses responsabilités et mette en place un plan d’urgence pour protéger les enfant·es et les femmes victimes de violences masculines en contexte de confinement et d’épidémie, assorti d’un budget à la hauteur de l’enjeu.