Le rôle des policiers dans le traitement judiciaire des violences sexuelles
Quel impact sur le système d’impunité ?
Un rôle déterminant
Au sein du système judiciaire, les policiers et les gendarmes sont les premiers interlocuteurs des filles et des femmes victimes de violences sexuelles, lors du dépôt de plainte ou lorsqu’elles appellent le 17.
Une prise en charge défaillante
Or, 82% des victimes ont mal vécu leur dépôt de plainte. Et 70% ne se sont pas senties reconnues comme victimes par la police et la justice. Dans ces cas là, le dépôt de plainte peut être vécu comme un traumatisme supplémentaire.
Selon une étude, 42,6% des victimes ont été culpabilisées lors du dépôt de plainte, 53% des victimes ont vu les faits être minimisés ou remis en question, et 60% des victimes ont dû faire face à un refus de prendre une plainte ou ont été découragées de le faire.
Pourtant l’article 15-3 du code de procédure pénale oblige la police judiciaire à recevoir les plaintes des victimes d’infractions. Malgré cela, les refus de plainte sont quotidiens.
Des effets systémiques
Cette réalité est connue des filles et des femmes et les découragent à porter plainte. Et si elles arrivent à le faire, le sexisme systémique au sein de la police et de la gendarmerie pourra également affecter la qualité de l’enquête.
Des témoignages accablants
Ils m’ont dit ‘t’aimes le sexe violent’. Et ils m’ont demandé mes positions préférées.
Articles Slate et France Info
Puis il m’a sorti: “Je prends pas les plaintes des folles.”
Articles Slate et France Info
Le policier m’a demandé pourquoi je ne m’étais pas “mieux défendue”. Il m’a dit qu’il n’y avait pas d’éléments pour déposer plainte.
Articles Slate et France Info
Il m’a demandé si je pratiquais la sodomie avec lui, si on s’attachait […] Je me suis rendue compte que ça l’excitait.
Articles Slate et France Info
Interrogatoires basés sur la culture du viol, minimisation des faits, main courante à la place d’une plainte, déqualification des viols en agressions, des agressions en harcèlement…, harcèlement sexuel des victimes venues déposer plainte… Tout cela vient construire le mur de l’impunité des agresseurs.
Etre enfin écoutées
Régulièrement le gouvernement nous dit que les femmes doivent « parler » et « porter plainte ». Si vous voulez que les femmes portent plainte plus souvent, faites en sorte qu’elles soient accueillies correctement par la police et la gendarmerie.
Sources :
– « Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte » Mémoire Traumatique et victimologie, 2015
_ « Les violences contre les femmes restent mal prises en charge » Le Monde, 2018
– « En 2017, on dissuade encore des victimes de viol de déposer plainte » Slate, 2017
– « Violences sexuelles : comment policiers et gendarmes sont-ils formés pour recueillir la parole des victimes ? » France Info, 2017