Pères violents et instrumentalisation de la justice : Les témoignages de Sandra C, Aurélie, Émilie, Sandra J, Julie et Manue.

Témoignage de Sandra C

Je m’appelle Sandra, maman de 3 enfants de 17, 14 et 13 ans, 2 garçons et une fille. Après 17 ans de mariage, Monsieur me trompe en novembre 2018. Je l’ai grillé toute de suite, lui me soutenant le contraire et me disant qu’elle n’était rien pour lui . 

Je précise que pendant toutes mes années de mariage, j’ai toujours été fidèle, je gérais les enfants, l’école, le sport, les rendez-vous, toutes les activités, en plus de mon travail d’infirmière de nuit. Pour monsieur,  travaillant de nuit, j’étais là la journée, je n’avais pas le droit de me plaindre de la fatigue. De plus, il n’était jamais disponible pour m’épauler pour les rendez-vous mais avait toujours du temps pour  aller voir ses copains. Il faut comprendre que moi je ne faisais jamais rien de bien, je n’étais jamais assez bien habillée, assez bien maquillée, coiffée, et j’en passe.  

Monsieur me rabaissait sans cesse, lors de disputes conjugales, il a usé de la force, en me poussant, en me tirant les vêtements, cassant au passage mes colliers etc…. Il y a eu aussi ce qu’on appelle des rapports forcés, c’est difficile pour moi d’en parler car je considérais cela comme un viol et c’est la première fois que j’en parle. Pour moi je ne pouvais pas porter plainte car c’était ma parole contre la sienne.

Puis, fin 2018, lorsque Monsieur a commencé sa nouvelle vie, il est devenu de plus en plus blessant  et violent. Cela m’a fait tomber dans une grave dépression en janvier 2019, j’ai perdu 16 kilos en 2 mois et j’ai pris la décision de me faire hospitaliser car je commençais à avoir de mauvaises idées.  

La violence morale et physique n’ont fait que grandir.  

Un jour, alors que mes enfants étaient au sport, monsieur avait bu et voulait prendre la voiture, il m’a alors collé violemment contre le mur en m’insultant et en me disant qu’il faisait ce qu’il voulait, c’était en mars 2019, lors d’un week-end thérapeutique.  

Le week-end d’après, il a pété les plombs, il a attrapé les 2 consoles PS des garçons et les a fracassées contre le mur et le vélux , il les a jetées au sol devant les garçons jusqu’à ce qu’elles se disloquent, il a même cassé un vélux de la maison, de la chambre d’un des garçons. 

Je n’avais pas la force de partir et lui s’absentait régulièrement le soir. Je ne voulais pas abandonner mes enfants qui sont plus que tout pour moi.  

Ensuite j’ai subi les lettres d’un mystérieux corbeau sur l’adultère de monsieur, et lorsque j’ai voulu lui en parler, il a voulu partir en voiture, j’ai pris les clés de voiture et il m’a alors attrapée, sortie et traînée dans la rue. Il a dit à mes enfants que c’était de ma faute. J’avais fait une main courante pour la lettre anonyme et la violence de Monsieur. 

Je n’ai toujours pas porté plainte car la famille me disait que c’était une erreur, j’ai donc subi encore quelques accès de colère et monsieur me reprochant également de m’occuper des enfants et pas de lui .  

Je pourrais énumérer également tous les mensonges qu’il m’a dit ainsi qu’à ses enfants pour se  protéger lui-même et éviter que la vérité sorte. 

Monsieur a fait la veille de la rentrée scolaire 2019, un abandon de domicile conjugal, il est parti.  J’ai donc commencé à faire les démarches de divorce et tout ce qui va avec.

Au début, j’acceptais même qu’il vienne manger le dimanche pour voir ses enfants. Puis, j’ai lancé la procédure de divorce, et nous avons eu une ordonnance de non conciliation en mai 2020 pour la garde des enfants et la pension alimentaire. Il était bien stipulé sur l’ONC un week-end sur 3 seulement à l’essai pendant 6 mois et que si Monsieur déménageait il devait me prévenir en recommandé avec accusé de réception. Monsieur n’exerçait pas son droit de garde régulièrement et il a déménagé. La situation était tendue entre mes enfants et leur père car ils ne voulaient pas voir sa  nouvelle compagne. Il a refusé pendant plusieurs mois de me donner son adresse donc il n’a pas pris ses enfants, ensuite j’ai mis en place un planning de garde en août 2020. Les horaires étaient du samedi 15h30 au dimanche 18h. Monsieur n’étant pas rigoureux sur les horaires, l’ONC  précisait qu’au bout d’une heure de retard, il renonçait à son droit de garde.  Monsieur me prenait souvent les enfants vers 17h et les ramenait soit à 19-20h, ou même 16h. C’était l’anarchie dans les horaires. 

En octobre, Monsieur n’étant pas là à 17h30 et les enfants ne voulant plus aller chez leur père, je lui ai envoyé un message pour l’informer que je respectais l’ONC et qu’il renonçait à son droit de  garde. Il est arrivé 30 minutes après, furieux. Je suis sortie de la maison, il m’a alors dit, “je casse  tout ici, et je repars avec mes enfants, j’en ai rien à foutre”. Je voulais l’empêcher de pénétrer dans le domicile, il m’a alors attrapée et poussée violemment contre la porte, il essayait d’enlever mes mains qui tenaient la porte car je ne voulais pas qu’il rentre. Ma fille a crié quand elle a vu mon corps taper contre la fenêtre de la porte et elle a appelé les pompiers. Mon fils aîné est descendu pour intervenir et j’ai vu le regard de son père qui m’a effrayée. J’ai pu me dégager pour appeler la gendarmerie et il est resté dans le couloir de l’entrée, mon fils restant au bout du couloir pour pas  qu’il aille plus loin.

Lorsque les gendarmes sont arrivés, ils m’ont demandé de sortir de la maison.
Ils ont réussi à faire partir Monsieur, car moi je ne voulais pas porter plainte immédiatement.
Le lendemain, j’ai été voir le médecin de garde et j’ai déposé plainte à la gendarmerie, le gendarme m’a alors dit que ça serait classé sans suite.

Un mois plus tard, mes enfants étaient entendus, monsieur a dit que les enfants étaient dans leur chambre et qu’il n’était pas rentré dans la maison. Ayant à faire au même gendarme qui était intervenu, je me suis permise de lui dire « qui m’a demandé de rester dehors sous la pluie et il était où lui ? ». Pareil le gendarme m’a redit que ça serait classé sans suite. 
Il s’avère que ma plainte passe en correctionnel en novembre 2021, soit un an après les faits. La justice est bien longue.
Voilà une partie de mon histoire simplifiée.
J’espère que mon témoignage pourra faire avancer les choses.  

Témoignage d’Aurélie M.

J’ai rencontré cet homme en octobre 2018. 

Je suis rapidement tombée enceinte. J’ai de l’endométriose sévère, de l’adénomyose et des fibromes et d’après les médecins par lesquels je suis suivie depuis plus de 10 ans, je ne pouvais pas avoir d’enfant de façon naturelle. Dès que j’ai fait le test de grossesse, j’ai pris rendez-vous avec le cabinet par lequel j’étais suivi pour confirmer la grossesse. A ce moment-là, ce Monsieur ne disait trop rien, persuadé que j’allais me faire avorter. Au moment du rendez-vous, le gynécologue m’a dit qu’il était fou qu’un œuf ait pu nider dans mon utérus, que c’était sans aucun doute ma seule chance d’être mère mais qu’il ne fallait quand même pas s’emballer vu l’état de mon utérus, il y avait peu de chance de mener cette grossesse à terme. J’ai appelé Monsieur pour lui dire que devant le discours du gynécologue je pensais à garder cet enfant. Tout en lui précisant que je comprendrais s’il n’en voulait pas, que j’assumerais seule comme beaucoup de femmes le font aujourd’hui.

De là s’en est suivi 4h de discussion téléphonique dans laquelle il a tout tenté. La douceur, le chantage, pour finir par m’insulter en me disant « tu n’es qu’une merde, tu me fais pitié, ton gosse tu n’arriveras pas à l’élever, je te souhaite le pire, tu me dégoutes ». J’ai appelé mon père en pleurant, j’étais choquée. Il m’a téléphoné quelques jours après pour s’excuser, naïvement je lui ai pardonné… Pendant tout le délai légal, il ne s’est jamais positionné, ayant parfois un comportement en faveur de cette grossesse, parfois l’inverse. Il me prenait la tête pendant des heures pour me dissuader de le garder. Tous les week-end, c’était le même refrain, la même manipulation et harcèlement. Une fois le délai légal passé, il a fait mine d’accepter cette grossesse mais a continué de me traiter comme un chien. Le week-end, seul moment où nous nous voyons car il travaille en déplacement, ses monologues duraient des heures, je finissais systématiquement en pleurs recroquevillée par terre dans ma salle de bain, seul endroit où je pouvais m’isoler. 

Malgré 4 aller-retours à l’hôpital, une sage-femme à domicile 2 fois par semaine, il a continué à dire que je simulais une grossesse à risque. Il ne m’a jamais accompagnée à un rendez-vous de suivi. Je suis partie habiter chez ma mère au 5ème mois de grossesse parce que je devais rester alitée et lorsque lui venait, il refusait de m’aider pour quoi que ce soit. Quand j’étais chez ma mère il continuait par téléphone à me harceler pendant des heures en mettant sa potentielle reconnaissance de paternité en jeu en fonction de ma soumission. Je lui disais encore que s’il ne voulait pas de cet enfant je comprenais, que je ne lui demanderais rien. Au 6ème mois de grossesse, j’avais de plus en plus de contractions, j’étais très angoissée sachant qu’avec mes problèmes je risquais un accouchement prématuré et une hémorragie. J’ai fini par devenir docile, j’acceptais tout, je préparais seule matériellement l’arrivée du bébé, lui ne voulait participer à rien et me demandait sans cesse des justificatifs sur l’utilité de ce que je voulais acheter, du coup je lâchais l’affaire sur sa participation. 

J’ai accouché à 7 mois en urgence, les  médecins n’arrivaient pas à sortir le bébé. Les fibromes avaient constitué une coque rigide sur le devant de mon utérus, ce qui étouffait le bébé à chaque contraction. Le bébé est parti direct en soin pendant que je faisais une hémorragie et que le « père » se prenait en selfie dans la salle d’attente car on lui avait prêté un « costume » de médecin…

Pendant mon hospitalisation, Monsieur venait souvent me voir mais ne s’occupait de rien. Ce sont mes parents qui m’amenaient des vêtements propres et à manger, j’étais complètement anémiée. J’étais épuisée et j’avais en plus une infection de l’utérus. Le soir dans la chambre d’hôpital du bébé, Monsieur était fâché car j’avais ri à une blague du gynécologue qui m’a accouché, il s’est levé d’un geste brusque et m’a dit « tu vas voir quand on va sortir d’ici ». Je n’ai pas eu peur pour moi à ce moment-là mais j’ai eu peur qu’il pousse la couveuse et que le bébé tombe. Arrivés dans la voiture, il a commencé à crier et à taper sur le tableau de bord. Il m’a ensuite virée de sa voiture devant la maison d’accueil pour parents d’enfants hospitalisés ou nous logions et il est parti. Nous sommes restés séparés jusqu’à la sortie du bébé un mois après. 

Pendant ce mois, il n’a fait que se plaindre aux puéricultrices de mon comportement et a demandé à voir une assistante sociale. Les grands prématurés étant très surveillés puisque considérés comme vulnérables, nous avons été convoqués par celle-ci. Devant l’assistance sociale il a dit « je pense qu’elle n’a pas les compétences de s’occuper de cet enfant » il m’a ensuite téléphoné en me disant « méfie-toi si tu n’es pas gentille ils vont te retirer le bébé et le placer ». Lui ne voulait pas de la garde. Heureusement l’assistance sociale a vu clair dans son jeu et n’a pas donné suite. J’ai passé un mois horrible. Entre la fatigue physique et les réflexions des puéricultrices qu’au départ je ne comprenais pas, je n’en pouvais plus. C’est la maman d’un bébé avec qui mon fils partageait la chambre qui m’a prévenue de ce que faisait le papa derrière mon dos un jour où elle m’a vu arriver à bout de nerf suite à un coup de fil du père jusque tard dans la nuit. 

A la sortie du bébé, je n’ai plus eu de nouvelles de lui pendant quelques jours. C’est malheureusement moi qui l’ai rappelé. Il refusait de nous accueillir chez lui avec le bébé (je n’ai jamais été chez lui…) J’ai demandé à mon père de me prêter son appartement de vacances les week-end situé à port Leucate, même commune que l’habitation de Monsieur, pour qu’il puisse voir son fils. Il venait nous voir le week-end et il était toujours aussi infecte. Il ne m’aidait en rien, estimait que je devais lui faire à manger le vendredi vu qu’il avait travaillé toute la semaine, refusait toujours de participer financièrement pour le bébé. J’étais dans un état physique et psychologique lamentable. Le bébé ne dormait pas, il avait un reflux gastro-œsophagien interne et une intolérance au lait détecté plus tard, il hurlait 20h sur 24. Je ne mangeais pas, je ne dormais pas et en plus je supportais les réflexions de Monsieur sur mon mauvais caractère.

J’ai trouvé un nouvel appartement en octobre et quand j’ai dit à Monsieur que je souhaitais arrêter la relation ne supportant plus son manque d’intérêt pour le bébé et la façon dont il me traitait, il est devenu doux comme un agneau et m’a demandé de s’installer avec moi dans mon nouvel appartement. J’ai dit oui avec quand même une grosse appréhension. Après quelques jours de vie commune et plusieurs disputes toujours sur les mêmes sujets, il m’a bousculée en me donnant un grand coup d’épaule, j’ai eu peur, je me suis assise à côté du bébé en attendant qu’il parte.

Nous avons réessayé la vie commune en décembre. Pendant les vacances de Noël, son fils aîné était présent, j’ai refusé de faire à manger, j’en avais ras le bol qu’il ne fasse rien alors que j’étais fatiguée et que je devais tout gérer, même son fils aîné ! Devant mon refus, il m’a lancé sa tong au visage. Je suis sortie sur la terrasse pour mettre un peu de distance entre le bébé et nous. Sur la terrasse il m’a bousculée violemment à plusieurs reprises, je suis partie quelques minutes dans la salle de bain pour essayer de me calmer, j’avais très peur et les deux enfants étaient présents. Quand je suis revenue dans le salon il m’a plaquée contre la baie vitrée et a commencé à m’étrangler, le bébé juste en face hurlait, Je l’ai menacé d’appeler son fils aîné à l’aide, il m’a enfin lâchée. Il est parti chercher son fils dans la chambre en criant « on s’en va, on n’est pas les bienvenus ici, elle a ce qu’elle voulait. Je ne voulais pas de ce gosse » J’ai récupéré mon bébé dans mes bras et j’ai attendu sur le canapé qu’ils partent. Il a refait le geste de me lancer sa tong au visage avant de partir, j’ai lancé un regard vers son fils aîné et vers le bébé que j’avais dans les bras. Heureusement il ne l’a pas lancée. Je suis partie me réfugier chez ma mère, il avait les clés et j’avais peur de son retour.

Le soir il m’a appelée à plusieurs reprises, je refusais de répondre jusqu’à ce qu’il me laisse un message en me disant qu’il n’était plus en capacité de s’occuper de son fils ainé, j’ai eu peur pour son enfant alors je l’ai appelé pour le calmer. Je me sentais coupable et j’avais l’impression que tout était de ma faute. Je lui ai pardonné après quelques semaines mais j’avais quand même peur de lui. J’évitais les rencontres dans mon appartement et j’essayais de trouver des excuses pour ne pas le voir. Le confinement a été annoncé à mon grand soulagement et je me suis dit que je trouverai la force pendant ce repli sur moi de le quitter. Ça n’a pas été le cas… 

Nous nous sommes revus mi-mai, il a continué à refuser de s’occuper du bébé trouvant sans cesse des excuses absurdes allant jusqu’à refuser de m’accompagner aux urgences suite à une détresse respiratoire du bébé. Il continuait à m’humilier sans arrêt. Il m’appelait pendant des heures. J’en venais à faire des crises de nerfs au cours desquelles soit je me mettais à hurler et à l’insulter, soit je pleurais pendant des heures. Il en profitait pour me traiter de folle, il me disait « tu vois que tu es folle, regarde comme tu cries, méfie-toi je t’ai enregistré ». J’ai cru effectivement que j’étais en train de devenir folle ! J’ai commencé une thérapie EMDR en juin et en fin d’été sans crier gare j’ai commencé à lui résister en lui disant « je n’accepte plus ce que tu me fais ». Je refusais de me justifier sur mes déplacements, je sortais boire un verre sans lui demander l’autorisation, je lui raccrochais au nez dès qu’il commençait à devenir oppressant. Je restais ferme dans mes demandes et je répétais en boucle toujours les mêmes choses en ne me laissant plus manipuler. 

En 2 ou 3 semaines , je l’ai vu monter en pression. Il s’est mis à fouiller partout dans mes réseaux sociaux, il se pointait chez moi dès que je ne répondais pas au téléphone, a téléphoné à ma mère un soir ou j’étais partie pour un verre avec un ami pour savoir où j’étais en lui disant que je n’étais qu’une « pute partie se faire baiser ». Quelques jours après, il est venu chez moi, je lui ai proposé d’aller boire un verre. Il a alors commencé à me dire « tu veux sortir boire un verre pour chercher un mec », je lui ai répondu que je n’avais pas envie de polémiquer et que s’il ne voulait pas venir avec moi ce n’était pas grave, j’irais seule. Il est devenu très agressif, m’a arraché mon téléphone des mains en me demandant mon code pour regarder ce qu’il y avait dedans. Devant mon refus et tentant de récupérer mon téléphone, il m’a attrapé le bras et me l’a retourné, il m’a ensuite bousculé jusqu’à ce que je tombe à terre. Il s’est calmé, je me suis relevée, j’ai récupéré mon téléphone sur la table que je regardais en tremblotant pour éviter son regard. Quand il m’a vu regarder mon téléphone,  il est reparti de plus belle, m’a arraché le téléphone de nouveau. Quand j’ai tenté de rentrer dans mon appartement pour aller chercher ma voisine, il m’a à nouveau bousculée plusieurs fois et en me poussant, je suis tombée. J’ai attrapé un balai pour essayer de lui taper dans les pieds pour qu’il recule. Il m’a arraché le balai et m’a donné un coup de pied dans le ventre. Je me suis mis en boule et je pleurais, j’avais du mal à respirer. Il m’a demandé pourquoi je pleurais si c’était la situation ou si j’avais mal. Je ne répondais pas car j’ étais en panique. J’ai ensuite rampé jusqu’à mon canapé dans le salon et je lui ai demandé de m’emmener à l’hôpital. Il m’a dit « tu veux aller à l’hôpital pour te venger ». Je lui ai dit que non et que je mentirais : je dirais que je suis tombée dans l’escalier. Il a accepté de m’emmener à l’hôpital, et j’ai effectivement menti au médecin.

Il m’a ramenée chez moi et a dormi sur mon canapé.  Quand j’ai ouvert les yeux le matin, il était planté devant mon lit les bras croisés, j’ai paniqué, j’ai essayé de me lever mais impossible, j’avais trop mal. Je lui ai dit « il faut que je trouve une solution pour mon fils, je ne peux pas me lever, il faut que j’appelle mes parents pour m’aider (chez qui mon fils était pour le weekend). » Il a recommencé à me prendre la tête avec toujours les mêmes mots « si tu me mets dehors maintenant, inutile de me rappeler ». Je l’ai supplié de partir afin que je puisse appeler mes parents. Je l’ai eu au téléphone plusieurs fois dans la semaine. Il s’excusait mais me disait qu’il n’était pas le seul responsable et refusait catégoriquement de s’occuper de mon fils alors que je ne pouvais plus le porter et que j’étais du coup contrainte de rester chez mes parents. Je me sentais très mal, j’avais du mal à bouger et sa froideur au téléphone me rendait encore plus mal. J’avais l’impression de vivre une injustice. Le vendredi après une séance téléphonique avec ma psy où elle m’a dit cette phrase « vous avez un seuil de tolérance très haut Madame », je l’ai eu lui au téléphone et je lui ai dit que je refusais d’accepter ce qu’il m’avait fait. Il a alors crié « c’est ta faute si je t’ai frappée, tu me culpabilises depuis le départ de notre relation, tu es fourbe.. » J’ai raccroché en pleurs, j’ai porté plainte le lendemain (septembre 2020).

Il a eu un rappel à la loi.

J’ai fait en même temps une demande de référé devant le Juge aux Affaires Familiales pour protéger notre fils. Je n’ai plus eu de nouvelles de lui jusqu’à l’audience de mars où j’ai eu la surprise d’apprendre qu’il demandait à avoir notre fils un dimanche sur deux, le matin jusqu’en septembre puis toute la journée. Je demandais pour ma part des visites médiatisées. Après une énième demande de report, nous sommes passés en avril devant la JAF.

J’étais persuadée que vu sa violence, le fait qu’il  n’ait demandé aucune nouvelle de son fils pendant tous ces mois et qu’il ne s’y soit jamais intéressé auparavant, il n’obtiendrait rien à part une bonne morale de la juge. C’est l’inverse qui s’est produit ! La juge l’a félicité de s’excuser pour sa violence même si dans les conclusions de son avocate et devant elle, il continuait à dire “oui mais elle est provocante, oui mais c’est la faute de ma relation toxique”. Il a prétendu que s’ il n’avait pas demandé de nouvelles du petit ni à le voir c’était pour me signifier la rupture… Il a dit que j’exagérais et qu’il s’était occupé de son fils pendant la durée de notre couple. La juge m’a fait la morale en me demandant ce que j’avais fait pour aider ce Monsieur à créer un lien avec son fils. Je n’ai même pas su répondre correctement, j’étais complètement déstabilisée par la question. 

J’avais pourtant des attestations de ma famille et entourage sur sa non implication. Il y avait ma plainte dans laquelle je fais bien état de violences en présence du bébé  et de violences psychologiques pendant ma grossesse. Lui n’avait que des attestations concernant son premier enfant. Rien sur le mien, évidemment personne ne le connaît.

Le 4 mai, délibéré par ordonnance dans laquelle la juge déclare que je n’ai pas fait état de violences devant l’enfant mais que mes inquiétudes sont légitimes donc passage de bras devant la gendarmerie..

Le 16 mai, je n’avais toujours pas eu de signification par huissier de l’ordonnance, je n’ai pas été sur le parking. Monsieur a porté plainte.

Le 30 mai, manipulations pour me faire enlever l’appel que j’ai déposé à l’ordonnance de la JAF, il me menace la semaine suivante de faire appel au juge pour enfant pour que mon fils soit placé.

Le 6 juin : pression sur le parking dès mon arrivée, il a tenté de m’empêcher d’aller voir les gendarmes. Les gendarmes n’étaient pas du tout au courant de ce qu’était qu’un passage de bras et encore moins que ça pouvait se faire devant la gendarmerie pour MA protection.
Plainte de père pour non présentation d’enfant.

Le 11 juin, il demande la radiation de l’appel en s’appuyant sur ses 2 plaintes.

Témoignage d’Émilie V.

Pendant 4 ans, j’ai été en couple. Au début, tout était tout beau, tout était rose, mais au bout d’un an il a commencé à changer. Comme il était malade j’ai mis ça sous le coup de la maladie, et puis au fil du  temps ça a continué. Les violences psychologiques ont commencé pendant plusieurs mois, ensuite plus rien, puis il a recommencé. Les violences sexuelles ont commencé, j’étais alors âgée de 15 ans. À 17 et demi je suis tombée enceinte lors d’un rapport non voulu. J’ai eu une grossesse à risque, lors de laquelle il m’a encore fait subir des violences verbales. A 18 ans j’ai donné naissance à une magnifique petite fille et le calvaire a empiré. J’ai fini par prendre des coups, des insultes, il m’a même demandé d’arrêter de manger car il me trouvait grosse. 

Je me suis séparée lors du début du premier confinement (le confinement m’a permis de sortir de ses griffes) et même après la séparation, il a continué j’ai fait plusieurs mains courantes contre lui. Il y 2 mois j’ai porté plainte pour atteinte psychologique. J’ai voulu porter plainte pour violence conjugale et viol conjugal mais la police m’a dit que ça ne servait à rien et qu’il était trop tard.

Le juge aux affaires familiales, malgré les preuves de violences que j’ai fournies, a dit qu’il n’y avait pas de preuves de violence sur notre fille. Il a ordonné une garde classique et le maintien de l’autorité parentale conjointe.

Maintenant cela fait 1 mois et demi qu’il ne voit plus notre fille car du haut de ses 20 mois elle m’a dit “papa claque” à plusieurs reprises. Sa pédiatre a fait un signalement, j’ai donc porté plainte pour violences sur mineurs. J’attends le rendez-vous de l’aide sociale à l’enfance.

Témoignage de Sandra J.

J’ai été victime de violences conjugales (coups de poing, gifles, tentative d’étranglement…) à plusieurs reprises de la part de mon ex-mari.  

En juillet 2018, j’ai déposé plainte. Celle-ci a été classée sans suite pourtant un de ses collègues avait déjà porté plainte contre lui car il l’avait fracassé avec une barre à mine… 

Les violences se sont passées 2 fois devant mon grand qui a 5 ans et il a fait de même avec son ex devant les enfants.  Le Juge des Affaires Familiales n’a pas retenu la violence devant enfant et n’a pas pris en compte le jeune âge (enfant d’un mois) et la prématurité de notre 2ème enfant.  

Le juge n’a pas pris en compte non plus le fait qu’il avait tenté de me forcer à avorter en Belgique à 3 mois et demi de grossesse juste avant de me quitter.  
Pour moi, ils ne font pas au mieux pour l’enfant. Ils appliquent ce qu’ils veulent et ne prenne pas en compte certaines choses.  

Il a eu un droit de visite pour le bébé pendant 6 mois :  4h le dimanche, puis les 6 mois suivants de 9h à 18h et maintenant c’est une garde classique.  Pour le grand, il a eu direct une garde classique.  

J’ai dû lui confier mon bébé de 2 mois que je récupérais systématiquement en pleurs.  Avec mon avocate nous avons lancé une procédure d’incident pour que les vacances d’été soient par quart et non par moitié. L’année dernière il était d’accord et à 1 mois des vacances il a changé d’avis. 

Le juge a débouté mes demandes et m’a reproché de ne pas attendre la procédure de divorce.  Sachant que c’est Monsieur qui a demandé le divorce en octobre 2017, le JAF en avril 2018 et il n’a pas lancé la procédure de divorce quand le JAF l’a ordonné. J’ai dû lancer la procédure en janvier 2020, sachant qu’en 2019 il m’a agressée chez moi verbalement pour signer les papiers alors qu’il n’avait rien entrepris.

Depuis qu’il est parti il ne fait que me harceler, m’envoyer des messages de critiques permanentes.  
Mes enfants refusent d’aller chez leur père. Quand il vient les chercher, le grand va se prostrer dans un coin en pleurant et le petit hurle…

Certaines personnes ont le don de vous faire passer pour une folle. L’estime de soi est tellement basse qu’on pense toujours que c’est notre faute… 
Le pire dans tout ça c’est que ces hommes se fichent de nos enfants, ils pensent juste à nous détruire en passant par eux. Ils savent que nos enfants sont tout pour nous donc ils jouent là dessus.  

Mon ex-conjoint habite à plus d’une heure de chez moi et il demande maintenant la garde alternée.

Témoignage de Julie

J’ai été en couple pendant 7 ans. Nous avons eu 2 enfants. Après la naissance du premier, mon ex-conjoint est devenu violent verbalement, il faisait des crises de colère, cassait des objets. Pendant la deuxième grossesse, ses violences verbales se sont intensifiées. Je pleurais très souvent pendant ma grossesse et j’étais inquiète des conséquences que ça  pouvait avoir sur le développement du bébé in utero.

Après la naissance du bébé, mon ex-conjoint continuait ses crises et je me suis prise la première claque.

J’ai porté plainte, les gendarmes ont pris ma plainte mais m’ont dit que c’étaient des problèmes de couple et que quand même je devrais apaiser les choses pour les enfants.  Ils ont ajouté “monsieur nous a dit que vous l’aviez quitté pour un autre, c’est pas cool il doit se remettre”. J’ai demandé une ordonnance de protection. 
J’en ai pris une deuxième quand je lui ai dit que je le quittais.  

Dans l’attente de cette ordonnance, il est venu sur mon lieu de travail me hurler dessus et  me menacer. Un collègue m’a amenée au commissariat où le policier a refusé de prendre ma plainte et m’a dit qu’il n’avait rien fait de mal, et qu’il acceptait simplement de prendre une main courante. L’ordonnance de protection a été refusée.

5 mois plus tard, un autre policier a été super et a pris le temps de tout noter suite aux menaces de mort de mon ex-conjoint sur mon répondeur et l’enregistrement des différentes altercations.
Devant le JAF, mon ex-conjoint a obtenu une garde classique : tous les mercredis et un jeudi sur 2. 

Mes enfants me rapportent que leur père s’énerve et jette des objets si l’un d’eux se fait pipi dessus (ils ont 3 et 5 ans). 
Il les gronde et ne leur adresse plus la parole de la journée.  

J’ai à nouveau porté plainte, il ne voulait pas respecter le jugement concernant les  vacances d’été et venait chercher les petits le mardi soir avec insultes, menaces et violence devant les enfants. Je souhaite emmener mes enfants voir le pédopsychiatre (problème de sommeil, de langage…) mais le père refuse et comme nous avons la co-parentalité, je ne peux rien faire, je suis impuissante.  

En plus de m’avoir gâchée une partie de ma vie et détruit ma confiance en moi, il empêche mes enfants de se construire sereinement.

Quel exemple ce père violent donne-t-il à mes enfants aujourd’hui ?

Depuis que l’ordonnance de protection a été refusée, il se sent tout puissant. Il se permet de jouer avec moi maintenant. Il dépose les enfants 1h avant ou 1h après l’heure prévue sans m’informer, il me laisse des « cadeaux  » dans le sac des enfants. Le dernier en date : une bouteille d’alcool vide (mon alcool habituel d’apéritif) quelques jours avant la fête des mères et mon anniversaire.

Témoignage de Manue

Après un an et demi d’attente, c’est seulement en janvier de cette année que la justice me donne enfin le droit de voir mon enfant un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires. Je sais que pour beaucoup c’est déjà bien mais pour moi non.

Mon ex-compagnon est un homme violent qui a kidnappé mon fils que je n’ai pas vu pendant un an. Je ne savais pas où il était. De plus, pendant notre relation, mon ex-compagnon m’a fait subir des violences physiques et psychiques. Malgré cela, c’est « monsieur » qui a la garde principale de l’enfant.

Je me suis pourtant battue pour récupérer mon fils. J’ai fait une grève de la faim et j’ai aussi déposé des plaintes. Malheureusement, les plaintes ont été classées sans suite.

La justice, la police, la gendarmerie et les services sociaux ne m’ont pas protégée de la violence physique de mon ex-compagnon. Je leur ai pourtant fait part de ma crainte, ma peur d’un éventuel féminicide mais je n’ai reçu pour seule réponse qu’un « oui » non suivi d’actes concrets. À l’heure actuelle, je continue d’être harcelée par le père de mon fils. Je reçois des insultes, des menaces, des messages me disant qu’il faudrait que je me suicide. Et que font la justice, la police, la gendarmerie et les services sociaux ? Rien. Ils ne font rien.

Mais qu’est-ce que l’on attend ? Un autre féminicide ? Encore un de plus ?

Aujourd’hui, je suis obligée de suivre une thérapie « pour avoir un semblant de vie » même si de toute évidence ma vie de famille est détruite. Ma petite fille Sara, âgée de 6 ans, ne voit sa maman que « de temps en temps ». Je n’ai d’autres choix que de la confier à son père car tout ceci m’a rendue malade. J’ai d’ailleurs été hospitalisée deux fois en hôpital psychiatrique (8 mois en tout) et j’ai fait une tentative de suicide.

Ce vendredi 25 juin 2021, je vais aller chercher mon fils Kassim, juste le temps d’un week-end. Il a sûrement encore grandi, changé. Le travailleur social qui rend visite à Kassim dans le cadre de l’action éducative en milieu ouvert (AEMO) a remarqué que mon fils ne parle pas ce qui est évidemment anormal pour son âge.

Je veux que l’on me rende mon enfant. Je ne sais plus quoi faire pour que l’on m’entende. Je vais faire une deuxième grève de la faim quoique les gens en pensent ou en disent. Tant que la justice, les services de gendarmerie et les services sociaux ne feront rien, je refuserai de m’alimenter. Je ne veux pas que mon enfant reste avec cet homme dangereux. 

À ceux qui me soutiennent, je veux dire un grand « MERCI » car vous avez compris ma détresse et ma souffrance de mère qui me pousse à dénoncer devant la terre entière ce que j’endure. Non, je ne me tairai pas car ce que je traverse peut arriver à tout le monde. 
Merci à tous et à toutes de m’avoir lu que vous m’ayez comprise ou non, que vous me souteniez ou non.

Pour que Kassim, 20 mois, soit rendu à sa maman. Ma bataille est pour toi mon bébé. Je ne lâcherai rien !